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Chérif Sidou Ahmad

Chérif Sidou Ahmad naquit vers 1860 dans le village de Niani Dobo, au nord de l’actuelle république de Gambie. Cette naissance rendit son père Chérif Moulaye Aboubacar très heureux car elle fut l’exaucement des récurrentes prières adressées à son Créateur mais elle fut aussi une forme de victoire divine sur ses illustres compétiteurs et savants de l’époque qui prièrent également Dieu d’être les heureux parents du nouveau-né Chérif Sidou Ahmad. Selon Yacoub Gassama, sa grand-mère Diara Dabo qui fut la fille de Mama Aidara, sœur ainée de Chérif Sidou Aidara, lui aurait dit que sa grand-mère Aicha Mandiang lui aurait dit que : « lorsqu’elle fut enceinte de Sidou Ahmad, elle ne voyait sa grossesse que pendant le jour, durant la nuit, la grossesse disparaissait jusqu’au petit matin. Elle ne sut pas d’où disparait l’enfant. Ce fut sa grossesse la plus facile ». Dieu (SWT) élit Chérif Sidou Ahmad avant sa naissance. C’est durant ces moments de béatitude et d’extase que le Saint homme fut rappelé à Dieu vers 1863, soit trois ans après la naissance de ce fils dont l’arrivée fut prophétisée et par conséquent tant scrutée.

Ses frères, Chérif Yahya et Chérif Yacoub, poursuivirent l’œuvre de leur illustre père. Ils continuèrent à enseigner et à maintenir haut le prestige de l’école familiale mais surtout à s’occuper de l’éducation islamique de leur jeune frère Chérif Sidou Ahmad. Cependant, en tant que mystique, Chérif Moulaye Aboubacar eut le temps de confier la consolidation de l’éducation spirituelle de Sidou Ahmad, dans le processus de passation de son héritage, à celui qu’il considère comme son frère, Cheikhna Cheikh Saadbou de Nimjat (que Dieu bénisse son âme).

Le Tarbiya de Chérif Sidou auprès de Cheikhna Cheikh Saadbou

Après la bénédiction de sa mère Aicha, Chérif Sidou Ahmad se rendit auprès du maître de Nimjat, Cheikhna Cheikh Saadbou. A cette époque, l’école de Nimjat fut l’une des plus célèbre et polarisait à la fois l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord. Cheikhna Cheikh Saadbou était au sommet de son art et le Khoutbou Wilaya. Il était le guide de la Khadriya dans la sous-région et forma plusieurs centaines de disciples. En son temps, Cheikh Saadbou fut l’imam des Awliya, le point de passage obligé de tous ceux qui prétende accéder à ce grade de sainteté…

 

Les pérégrinations de Chérif Sidou Ahmad

Cheikh Saadbou indiqua à Chérif Sidou Ahmad qu’il habitera dans plusieurs localités. Mais, le nom du site de sa dernière habitation où il rayonnera sur le reste du monde lui sera révélé parun Djinn. Chérif Sidou Ahmad retourna au Kabou, à Mambouwa/Soulouko où il retrouva sa famille et ses talibés. Sa communauté commença à s’agrandir. Partout où il passa, il mit en place une école coranique et une mosquée et il crut en notoriété et en célébrité. Dans ses pérégrinations exploratoires à la recherche de la sainte cité, il créa et séjourna dans plusieurs sites ou villages avec des durées variables.

 

La Fondation de Sibicouroto en 1921

Ce fut entre 1920 et 1921 que Chérif Sidou Ahmad commença le défrichement et le démarrage des travaux liés à la réhabilitation, la reconstruction, la mise en valeur socio-économique du nouveau site rebaptisé Sibicouroto charifcounda ou Sibicouroto2. Sibicouroto est un terme manding qui signifie archipel, un regroupement ou encore un bosquet de rôniers. Certains le qualifient de constellations de rôniers. Le village est bordé par une rivière qui se jette sur une embouchure du fleuve Casamance. Il est situé dans la Commune de Bémet, sous-préfecture de Djibabouya, département de Sédhiou. Il a déjà reçu l’autorisation de l’administration coloniale de Sédhiou, qui lui délivra un titre foncier. Ces travaux de défrichage et de construction, furent confiés aux lieutenants de Chérif Sidou considérés comme étant les hommes les plus hardis mais surtout les plus fidèles de sa cour, n’obéissant qu’à ses ordres et ne reculant devant rien. (Cf. quelques grands compagnons de Chérif Sidou Ahmad).

La conduite des travaux ne fut pas facile à cause de la densité de la forêt et son étendue mais aussi et surtout à cause de la férocité de ses Djinns. Lorsque les talibés défrichèrent la forêt et rentrèrent le soir à Diaoba pour passer la nuit et se reposer, le lendemain matin quand ils revinrent sur le site pour poursuivre les travaux, ils trouvèrent que les espaces défrichés redevinrent en leur état initial. Les Djinns s’opposèrent et ramenèrent la forêt en état en menaçant les talibés du Chérif par des bâtons qu’ils disposèrent sur les lieux. Les talibés n’eurent jamais peurs ni découragés. Ansoumana Seydi qui était le coordonnateur général des travaux, partit à Mambigny pour rendre compte au Chérif des défis rencontrés sur le terrain. Sidou Ahmad leur instruisit de disposer à leur tour des bâtons sur les espaces défrichés avant de rentrer le soir, s’il plait à Dieu, les Djinns ne vont plus jamais y toucher. Il apparait que la puissance mystique du Chérif assura la victoire totale durant ces rapports de force et les Djinns finirent par quitter les lieux certains lui firent allégeance et d’autres devinrent tout simplement cléments grâce à leur totale soumission, sachant que la fille de leur chef Djinn, fait désormais partie des épouses du Chérif.

En 1921, Chérif Sidou Ahmad s’installa définitivement dans la cité sainte promise. Il en avait déjà reçu l’autorisation de l’administration coloniale de Sédhiou, qui lui délivra un titre foncier sur Sibicouroto. Ce fut dans ce village qu’il fonda son khilafa et contribua de façon significative, à l’expansion de l’éducation islamique et de la tarikha khadriya. Sibicouroto devint une capitale à la fois religieuse et économique.

Il fut un centre islamique qui polarisa plusieurs écoles coraniques de la sous-région. Initialement, il existait quatre grands daras qui étaient des lieux d’apprentissage du Coran et de recherches théologiques (le premier dirigé par Chérif Sidou Ahmad lui-même, puis ses mukhadams Cheikh Fodé Balla Maréna et Cheikh Bouramanding Mandiang, le second dirigé par son fils ainé Chérif Ibrahima Aidara, puis Mamadou Aidara, le troisième dirigé par Cheikh Souleymane Gassama) et le quatrième basé à Badoli et dirigé par Cheikh Bourang Diaoula, puis Cheikh Ansoumana Seydi. Chaque dara pouvait se donner un statut d’institut supérieur de recherches. Les chercheurs venaient de partout pour approfondir leurs recherches, les uns pour faire du tarbiya pour se rapprocher de Dieu, d’autres venaient pour se soigner de différentes maladies et/ou pour solliciter des prières pour accéder à des positions de pouvoir politique et/ou pour acquérir des richesses matérielles. Les gens doués d’esprit et de discernement au sens du Coran, soutenaient qu’au sommet de son art, Chérif Sidou Ahmad occupa le « Quoutbou al-Awliya » pendant sept ans. Sa philosophie se basa sur « le savoir/connaissance – islam/tawhid – travail et la solidarité », au point que ses moukhadams composèrent des khassaids dans lesquels ils soutinrent que Chérif Sidou Ahmad est « L’icône du Savoir, le pilier de l’érudition et de l’’islam/tawhid (en mandingue « Londo Barama Sidou, Dino Barama Sidoul Djalil ») ». Durant toute sa carrière Chérif Sidou Ahmad ne voyage qu’à cheval, toujours armé de son épée. Son cheval préféré portait le nom de « Baréba » qui fut un grand cheval blanc qu’il hérita de son grand-père maternel Téning Mamoudou Mandiang. En fait, à la suite du rappel à Dieu du roi de Mambouwa/Soulouko, Aicha Mandiang demanda à son fils Chérif Sidou de la représenter aux funérailles de son père. C’est là que le fils ainé du roi, le prince Salamang Mandiang lui donna le cheval et l’épée de Téning Mamadou comme la part de son héritage avec sa maman. Le Chérif ne s’était jamais séparé de ce cheval. Par la suite, il acheta d’autres chevaux dont le plus emblématique fut un cheval rouge, surnommé « Findji-Fandja ».

 

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